Samedi 13 septembre

Eclats de lumière sur le fleuve, épars, bris de verre céleste.

 

Nous devrions atteindre Tombouctou (ou du moins, le port de Kabara, qui dessert la ville) « vers 17 heures, inch’Allah » d’après le commissaire de bord qui vient de s’étendre sur une natte à côté de nous. Nous serions probablement arrivés plus tôt sans les touristes français qui sont montés à Mopti, et dont on a fixé le 4×4 sur une vaste barge attachée au bateau. Un gros type, une grosse femme, et un troisième larron qui tente vainement de pêcher quelque chose à la ligne depuis la barge en question, la tête enveloppée dans un turban couleur vert pomme. Universellement honnis à bord, si ce n’est du Britannique qui semble avoir voyagé un peu avec eux, et qui les considère comme « great… I mean, quite good fun ».

 

Petite descente à terre de nouveau. Diré, ville peuplée de Touaregs. A leur sujet, Bwa m’explique la situation : les Belas sont les esclaves des Tamasheks, eux-mêmes esclaves d’un troisième groupe, qui est esclave des Arabes… Selon les gens du gouvernement, cette situation « féodale » n’existe plus du tout ; selon ceux qui subissent encore le système, elle n’existe que trop encore.

De son côté, mon guide non-officiel me considère comme une sorte de frère aîné à qui il doit tout respect, il me cède le passage dans les escaliers, insiste pour porter mes modestes sacs de provisions. Son comportement n’a pourtant rien de comparable dans ses rapports avec les autres passagers, mais il semble avec moi s’être coulé tout naturellement dans ce rôle dont je ne sais que faire. Difficile, très difficile de se placer sur un pied d’égalité dans ce pays, avec quiconque. (lorsque je demande à Bwa laquelle des deux étudiantes Françaises à bord il préfère, il me dit le nom de l’une, mais lorsque j’approuve son bon goût en lui disant que c’est celle que je préfère aussi, il me dit très sérieusement que dans ce cas, il préfère l’autre…)

 

Immensité

Etain du fleuve, ciel d’argent, l’enfant appelle au loin

Le bruit s’est tu, crépite l’averse, le métal est brûlant

Sur le toit

yeu

 

Hydrocarbures. Des heures que Tombouctou se fait attendre, heures naviguées dans les ténèbres éveillées. Il doit être autour de 22h à présent. Nous sommes sur le canal menant vers le vieux port de Kabara, le port de la saison des pluies. Canal creusé par le légendaire Kankou Moussa au XIVème siècle. Elargi par Khadafi, chef des Touaregs (autoproclamé) et dirigeant de la Lybie, par la suite.

 

Lumière à l’horizon !