Roosevelt's
12/07/08 14:04
Roosevelt
Island, sur l'East River. Entre Manhattan et le
Queens. Une île si insignifiante qu'on n'a même pas
pris la peine de construire un pont pour la relier
au reste de la ville : on est obligé d'y accéder
par une sorte de téléphérique. À se demander
comment tous les véhicules qui circulent sur cette
langue de terre sont arrivés là ; l'hypothèse du
bateau est plausible.
Dès l'arrivée, un spectacle émouvant : des gamins jouent au foot (c'est-à-dire, au foot à l'européenne, c'est-à-dire au "soccer" dans le dialecte local) sur une pelouse verdoyante, sous un soleil resplendissant, et en arrière-plan se dresse la structure majestueuse d'un gigantesque complexe pétrochimique, et ses quatre cheminées rayées. Je parle de complexe pétrochimique, mais bien entendu je n'ai pas la plus traître idée de la fonction véritable qu'occupe cette monstruosité de béton et de métal corrodé — bâtiment suffisamment hideux pour qu'on le nomme complexe pétrochimique.
Le complexe pétrochimique, donc, ne se trouve pas sur l'île, mais directement en vis-à-vis, sur la rive du Queens. Des bancs sont installés ici et là, ce qui permet de s'asseoir confortablement pour contempler l'horizon bouché par le complexe pétrochimique. Il y a aussi là nombre de bâtiments résidentiels, dont les fenêtres doivent délivrer une vue tout aussi magique. Au bord de l'eau, en contrebas, est échoué un caddie de supermarché qui, de désespoir sans doute, s'est précipité par-dessus la rambarde.
L'autre côté de l'île, celui qui fait face à Manhattan, est assez différent : l'horizon est plus traditionnellement barré par les gratte-ciels qui longent la Première avenue, et le F. D. Roosevelt Drive. Leur reflet à la surface de l'eau, une fois inversé, en fait d'étranges et incertains monolithes.
Un homme est assis là, sur un banc, dans les derniers rayons de soleil du soir. Sur le dossier du banc sont posés deux splendides aras, perroquets d'Amérique du Sud aux couleurs éclatantes — l'un a le plumage d'un rouge doré, l'autre d'un bleu électrique. Je demande à l'homme si on peut acheter de tels oiseaux à New-York ; il me répond que très franchement, il n'en sait rien. Carrure imposante, l'air peu commode. Je n'insiste pas. J'aurais pourtant bien aimé lui demander comment il s'est procuré des oiseaux en voie de disparition, au commerce très franchement interdit.
Dès l'arrivée, un spectacle émouvant : des gamins jouent au foot (c'est-à-dire, au foot à l'européenne, c'est-à-dire au "soccer" dans le dialecte local) sur une pelouse verdoyante, sous un soleil resplendissant, et en arrière-plan se dresse la structure majestueuse d'un gigantesque complexe pétrochimique, et ses quatre cheminées rayées. Je parle de complexe pétrochimique, mais bien entendu je n'ai pas la plus traître idée de la fonction véritable qu'occupe cette monstruosité de béton et de métal corrodé — bâtiment suffisamment hideux pour qu'on le nomme complexe pétrochimique.
Le complexe pétrochimique, donc, ne se trouve pas sur l'île, mais directement en vis-à-vis, sur la rive du Queens. Des bancs sont installés ici et là, ce qui permet de s'asseoir confortablement pour contempler l'horizon bouché par le complexe pétrochimique. Il y a aussi là nombre de bâtiments résidentiels, dont les fenêtres doivent délivrer une vue tout aussi magique. Au bord de l'eau, en contrebas, est échoué un caddie de supermarché qui, de désespoir sans doute, s'est précipité par-dessus la rambarde.
L'autre côté de l'île, celui qui fait face à Manhattan, est assez différent : l'horizon est plus traditionnellement barré par les gratte-ciels qui longent la Première avenue, et le F. D. Roosevelt Drive. Leur reflet à la surface de l'eau, une fois inversé, en fait d'étranges et incertains monolithes.
Un homme est assis là, sur un banc, dans les derniers rayons de soleil du soir. Sur le dossier du banc sont posés deux splendides aras, perroquets d'Amérique du Sud aux couleurs éclatantes — l'un a le plumage d'un rouge doré, l'autre d'un bleu électrique. Je demande à l'homme si on peut acheter de tels oiseaux à New-York ; il me répond que très franchement, il n'en sait rien. Carrure imposante, l'air peu commode. Je n'insiste pas. J'aurais pourtant bien aimé lui demander comment il s'est procuré des oiseaux en voie de disparition, au commerce très franchement interdit.