03/07/08 BIG FAT SQUARE AMERICA
Soleil aveuglant, chaleur sèche et enivrante qui se réverbère contre les miroirs géants des tours d'acier, chaleur qui s'échappe du béton des rues attendri par des millions de pas pressés. Stars-and-Stripes. Perspectives hallucinantes que l'œil peine encore à saisir, étranges visions du vertical à l'horizon. Mille accents, ice-cold water one dollar, des gens de toutes tailles, de toutes formes et de toutes les couleurs sont canalisés proprement le long des artères tirées au cordeau de Manhattan, sous les murs poussiéreux aux angles aigus, dont les fenêtres se multiplient à l'infini.
——————————————————————————————————————
01/07/08
DÉBARQUEMENT
Premiers pas en terre outre-atlantique. Premières
sensations remarquables, consignées par écrit dans
la file d'attente pour le passage des douanes :
• odeur doucereuse et âcre : la poubelle qui s'est
écrasée dans le recoin-cuisine de l'avion, au
milieu de l'appareil, avec grand fracas, au moment
de l'atterrissage (traces de yaourt au sol) ;
• agression visuelle : un très gros type revêtu
d'un t-shirt vert criard "Dublin" orné d'un énorme
trèfle, portant une casquette de base-ball où il
est écrit "Pirates" ;
• sensation fraîche et liquide, le long du cou :
l'eau fuyant goutte à goutte des sprinklers dans la
salle où l'on patiente debout pour le contrôle des
passeports (de larges seaux recouverts de sacs en
plastique sont disposés ici et là pour tenter
d'atténuer les effets de cette incontinence - une
eau dangereusement trouble et verdâtre y stagne) ;
• tapage : sons de voix semi-hystériques en
provenance d'un poste de télé dominant la salle et
branché sur CNN, où trois têtes s'engueulent à
plein volume au sujet d'Obama et du patriotisme.
Un douanier latino, à la coiffure surprenante et à
la moustache inflexible, écrase son tampon sur mon
passeport et beugle un "welcome" sur le ton qu'il
aurait pu employer pour "get the fuck outta here".
Reste que malgré ma barbe à la dernière mode de
Kaboul et ma chemise en lin bouffante de bagdadi
moyen... je suis passé.
New York, New York !
... Ah, et aussi, d'après les écrans à l'intérieur
de l'avion, j'ai voyagé 5790Km, ce qui d'après ce site
correspond à
une consommation personnelle de carburant
oscillant entre 150 et 200 kg — soit
"l'équivalent du carbone contenu dans un arbre
de 11 mètres de haut"... Ma tâche première sera
donc de me flageller méchamment pour ma
contribution à l'effet de serre.