in fine
Un autre avion quitte New-York dans quelques heures. Avec un peu de chance, je serai à bord, et avec encore plus de chance, il ne s'écrasera ni dans l'Atlantique ni dans quelque gratte-ciel idéologiquement honni par un groupe d'extrémistes barbus.




Quelques miettes d'impressions qui subsistent encore :

• la banlieue septentrionale de la mégalopole, atrocement morne et segmentée en immenses barres d'immeubles, qui laisse rapidement place à de vastes chenaîes traversées d'autoroutes ;

• la foule s'échappant à gros bouillons du stadium des Yankees, dans le Bronx, après un match de baseball, milliers de personnes accaparant les rues et déferlant toutes dans la même direction, vers les parkings lointains où elles ont garé leurs voitures — étrange transhumance ;




• ce grand supermarché dans Chinatown, qui ne vend que des produits chinois étiquettés en chinois, et dans lequel les clients sont si affairés qu'ils ne remarquent pas la présence d'un blanc dans ce saint des saints, à l'exception de quelques-uns qui me fixent tout à coup bouche bée, d'un regard stupéfait ;

• la chaleur et l'enthousiasme du public dans la salle de cinéma, comble, où nous regardons le dernier opus de Batman ; larges vagues d'applaudissements et encouragements sonores à la moindre péripétie... Ça me plaît.


Et aussi :





Broadway
Jamais été très porté sur les comédies musicales, mais les tickets étant achetés, je me suis fait une raison. Nous sommes allés voir "Chicago" au théâtre Ambassador, vers Times Square. Agréable surprise. Évidemment, l'histoire se prête peu à la subtilité, mais les danseurs, chanteurs et l'orchestre sur scène sont exceptionnels de maîtrise. Un spectacle très américain, en ce qu'il bouillonne d'une énergie et d'une confiance telles qu'on ne peut résister à se prendre au jeu ; en même temps, cette histoire de meurtre joyeux et de justice corrompue reste assez décapante et sulfureuse pour éviter toute mièvrerie et autres effroyables baisers au clair de lune.

Nous rentrons à pied. Carrioles tirées par des chevaux pomponnés le long de Central Park, sous les réverbères. Immenses magasins désertés mais toujours illuminés, comme si la lumière ne devait s'éteindre sur le commerce qu'avec la fin du monde. Un vaste hall de marbre blanc à travers une vitrine ; tout au fond, solitaire, un sac poubelle.






Staten Is.
Ferry pour Staten Island. La Statue. Sur place, un resto où sur la façade sont peints des perroquets dévorant des gens. Plus loin, une sorte de caverne d'Ali-Baba bourrée de vieux bouquins d'occasion, où je déguste mon premier bagel - goût d'oignon, crémeux, excellent. Je trouve une copie de To Kill A Mockingbird à $2, couverture à moitié arrachée.

Le type derrière le bar s'appelle Andrew. Maigre, barbu, nerveux, sympa. A vécu en Chine pendant un an, dans le Sichuan, vers Mianyang 沔阳, où il était parti s'installer avec sa copine. Les choses ont mal tourné entre eux, il est retourné aux États-Unis. Compte repartir bientôt, peut-être se croisera-t-on là-bas. Quelqu'un d'autre est attablé là, devant un bouquin. Rob, musicien, la vingtaine, barraqué. Fait partie d'un groupe, les Headlocks. Adore les films de kung-fu, pratique lui-même la discipline, et compte visiter le monastère de Shaolin un jour. Il nous apprend aussi que l'île est le chef-lieu du Wu-Tang Clan, previously mentionned.

En rentrant, nous nous arrêtons dans le restaurant des perroquets anthropophages. C'est cher. Sara et moi faisons scandale en partageant un seul plat, et découvrons au passage ce que c'est que l'Arugula.





法拉盛
À l'extrême-orient du Queens, si on veut, se trouve une Chinatown plus bouillonnante encore que celle de Manhattan : celle de Flushing (je veux dire, "Falasheng"). Au contraire de son aînée, bien davantage de jolies jeunes filles arpentent les rues que de vieilles dames à cabas. DVD pirates, gargotes à raviolis, stands de brochettes, on se croirait dans une authentique ville chinoise du continent... à part le fait, sans doute, qu'on voit partout des membres du Falungong brandissant l'Epoch Times et appelant chacun à écraser le Parti Communiste Chinois — qui dérobe aux gens leurs organes vitaux pour les revendre, comme chacun sait.



La Main Street aboutit au grand parc de Flushing Meadows. Plus sauvage que ses congénères immaculés de Prospect ou Central Park, ses grands plans d'eau asséchés sont le terrain de jeux de jeunes skaters amateurs du Wu-Tang Clan. Au centre se dresse le fameux Unisphere, globe terrestre métallique érigé, comme par hasard, à l'initiative du Consortium américain de l'acier. Il y a aussi là les terrains de tennis où se joue l'US Open, et les soucoupes volantes qu'on voit dans ce film avec Will Smith et Tommy Lee Jones... lequel, déjà ? Le gagnant recevra une boîte de cafards et un verre d'eau, avec sucre.








Contemplation / Action




UNION SQUARE

L'Association des étudiants tibétains aux USA organise une session de rap sur la place, pour un Tibet libre. Public très mixte : des blancs, des noirs, des Chinois même. Public assez peu réceptif au genre musical en question apparemment, mais déjà très gagné à la cause. Ah, la cause tibétaine, si merveilleusement facile à défendre...





Coney Island Dreaming
Sud de Brooklyn, sur l'océan Atlantique. Coney Island. Avant d'y aller, je n'en ai en tête qu'une seule image, extraite du film Requiem For A Dream :



... et qu'une seule bande-son, celle qui y est associée dans le film.

Le métro qui nous y amène doit traverser tout New-York, bien plus vaste en réalité que sur les cartes aux échelles truquées affichées dans le wagon. Mais le soleil est radieux, et Brooklyn d'allure si chaotique et ravagé dans la lumière le long des rails que je ne peux m'empêcher de mitrailler ces murs perdus et décrépis, parfois envahis d'une végétation si luxuriante qu'on se croirait quelque part entre Kowloon et Canton. La rame se vide petit à petit, et nous sommes bientôt seuls avec un vieil homme somnolent qui regarde mon appareil photo avec méfiance ; il a raison : je profite d'un moment d'inattention pour lui tirer le portrait.








Le parc d'attractions est à la dérive, et ça se sent. Odeur de suranné, tout est à moitié patraque et défraîchi. Du monde encore, pourtant, et des marchands de glace enfermés dans des camions émettant cette petite musique sucrée sans doute conçue pour attirer les enfants et qui, répétée en boucle à l'infini, doit rendre gravement psychotique une proportion conséquente desdits vendeurs de glaces.

En tous cas, pas le genre d'endroit pour une clientèle huppée. Surtout des latinos et des blacks de Brooklyn. La plage est immense, et suffoque dans le silence épais du soleil et du sable, où le son meurt vite.







Une sorte de jetée en bois s'avance d'une centaine de mètres à l'intérieur des flots : c'est celle qui apparaît dans le film. Ce jour-là, elle est pleine de gens venus profiter du soleil, rêver, dormir, et surtout pêcher. Sous nos yeux, quelqu'un tire de l'eau un gros poisson rouge aux nageoires étrangement préhensiles, et le relâche. Un petit garçon l'observe gravement.







Promenade. Cerf-volant échoué sur des barbelés. Barres de HLM aux fenêtres desquelles flottent parfois un drapeau porto-ricain (cubain ?). Je pense à Palavas-les-Flots. Murs sur lesquels on appelle à la paix dans la guerre des gangs. Effarant système sonore embarqué dans un gros SUV en stationnement, dont les infrasons me secouent la cage thoracique à vingt mètres de là. J'aperçois un petit garçon à l'intérieur, seul. Épiceries pas cher. Quelques enseignes aux caractères cyrilliques ; il paraît que Coney Island survit grâce aux immigrants russes. Sur notre chemin de retour vers le métro, nous passons une bicoque dans laquelle on peut rencontrer la véritable femme-serpent, avec illustrations à l'appui. Un type surgit et tente de nous y conduire, mais non merci, vraiment.






Roosevelt's
Roosevelt Island, sur l'East River. Entre Manhattan et le Queens. Une île si insignifiante qu'on n'a même pas pris la peine de construire un pont pour la relier au reste de la ville : on est obligé d'y accéder par une sorte de téléphérique. À se demander comment tous les véhicules qui circulent sur cette langue de terre sont arrivés là ; l'hypothèse du bateau est plausible.

Dès l'arrivée, un spectacle émouvant : des gamins jouent au foot (c'est-à-dire, au foot à l'européenne, c'est-à-dire au "soccer" dans le dialecte local) sur une pelouse verdoyante, sous un soleil resplendissant, et en arrière-plan se dresse la structure majestueuse d'un gigantesque complexe pétrochimique, et ses quatre cheminées rayées. Je parle de complexe pétrochimique, mais bien entendu je n'ai pas la plus traître idée de la fonction véritable qu'occupe cette monstruosité de béton et de métal corrodé — bâtiment suffisamment hideux pour qu'on le nomme complexe pétrochimique.

Le complexe pétrochimique, donc, ne se trouve pas sur l'île, mais directement en vis-à-vis, sur la rive du Queens. Des bancs sont installés ici et là, ce qui permet de s'asseoir confortablement pour contempler l'horizon bouché par le complexe pétrochimique. Il y a aussi là nombre de bâtiments résidentiels, dont les fenêtres doivent délivrer une vue tout aussi magique. Au bord de l'eau, en contrebas, est échoué un caddie de supermarché qui, de désespoir sans doute, s'est précipité par-dessus la rambarde.

L'autre côté de l'île, celui qui fait face à Manhattan, est assez différent : l'horizon est plus traditionnellement barré par les gratte-ciels qui longent la Première avenue, et le F. D. Roosevelt Drive. Leur reflet à la surface de l'eau, une fois inversé, en fait d'étranges et incertains monolithes.

Un homme est assis là, sur un banc, dans les derniers rayons de soleil du soir. Sur le dossier du banc sont posés deux splendides aras, perroquets d'Amérique du Sud aux couleurs éclatantes — l'un a le plumage d'un rouge doré, l'autre d'un bleu électrique. Je demande à l'homme si on peut acheter de tels oiseaux à New-York ; il me répond que très franchement, il n'en sait rien. Carrure imposante, l'air peu commode. Je n'insiste pas. J'aurais pourtant bien aimé lui demander comment il s'est procuré des oiseaux en voie de disparition, au commerce très franchement interdit.











Brooklyn by day & night










Independance Day in Gotham City
Fourth of July.
Pluie, bruine, crachin.
Feux d'artifice aperçus au loin.
Déception, odeur de cheveux détrempés.






Rencontres


THE MIDNIGHT RAMBLER

Dans le métro, station oubliée. Fatigue d'une journée qui touche à sa fin après beaucoup de marche et de regards stupéfaits levés vers le ciel, ou du moins le sommet des gratteurs de ciel, qui doivent avoir pas mal de plomb sous les ongles. Nous attendons le métro depuis longtemps mais toujours rien, les gens arrivent de plus en plus nombreux et bientôt tous les sièges sur le bord de la voie sont occupés. À côté de moi, une famille latino, nombreux enfants, père corpulent à casquette (lunettes ?). Chaleur lourde, comme toujours dans les stations — les trains sont, au contraire, d'une température propre à la conservation réfrigérée de tous produits laitiers ou alcools forts ; la survie des passagers soumis à ce redoutable choc thermique, elle, est facultative.

Un cri éraillé retentit au fond de la station, comme un coup de clairon, une mise en garde. S'avance un grand vieillard très maigre, au crâne déjà passablement dégarni et au visage émacié, rougeâtre. Lunettes de soleil relevées sur le crâne. Barbe de plusieurs jours, poivre et sel. Porte une sorte de gilet sans manches bleu sombre, et plusieurs foulards à pois colorés noués autour du cou (foulards en soie ?) ; pantalon de sport en coton vert assez épais, chaussettes blanches, chaussures de sport noires à velcro d'allure neuves.

Le vieillard se campe sur ses deux jambes, légèrement fléchies, comme pour un duel, mais l'arme qu'il dégaine est un harmonica, qu'il porte à sa bouche. Il souffle dedans d'un air féroce, entrecoupant la musique de son chant rauque et agressif. À intervalles réguliers, il s'avance dans notre direction et se plante de nouveau entre la voie et le mur, au beau milieu, d'un air de défi. Arrivé à la hauteur de notre banc, il fixe des yeux à tour de rôle chacun de nous, les assis, tout en continuant à chanter. Lorsque son regard tombe sur moi, je m'efforce de ne pas sourciller, et ne détourne pas les yeux. Il fait de même. Pendant une bonne minute, peut-être, il poursuit son chant infernal, agrémenté de gestes durs, et nos regards se tiennent rivés l'un dans l'autre.

Finalement le métro arrive, et le vieillard me perd de vue. Il ne s'arrête pourtant pas de chanter ou de jouer de son harmonica, semble hésiter, finalement rentre dans le wagon à son tour. Assis, les yeux clos, il souffle une nouvelle mélodie, plus mélancolique, avant de glisser son harmonica dans sa chaussette et de rabattre son pantalon par-dessus. Il fixe le sol des yeux, coudes sur les genoux, l'air assez ravagé, jusqu'à la fin de son trajet.

Il chantait "Midnight Rambler", des Rolling Stones :


Did you hear about the midnight rambler
Everybody got to go
Did you hear about the midnight rambler
The one that shut the kitchen door
He dont give a hoot of warning
Wrapped up in a black cat cloak
He dont go in the light of the morning
He split the time the cockrel crows

Talkin about the midnight gambler
The one you never seen before
Talkin about the midnight gambler
Did you see him jump the garden wall
Sighin down the wind so sadly
Listen and youll hear him moan
Talkin about the midnight gambler
Everybody got to go

Did you hear about the midnight rambler
Well, honey, its no rock n roll show
Well, Im talkin about the midnight gambler
Yeah, everybody got to go

Well did ya hear about the midnight gambler?
Well honey its no rock-in roll show
Well Im talking about the midnight gambler
The one you never seen before

Oh dont do that, oh dont do that, oh dont do that
Dont you do that, dont you do that (repeat)
Oh dont do that, oh dont do that

Well you heard about the boston...
Its not one of those
Well, talkin bout the midnight...sh...
The one that closed the bedroom door
Im called the hit-and-run raper in anger
The knife-sharpened tippie-toe...
Or just the shoot em dead, brainbell jangler
You know, the one you never seen before

So if you ever meet the midnight rambler
Coming down your marble hall
Well hes pouncing like proud black panther
Well, you can say i, I told you so
Well, dont you listen for the midnight rambler
Play it easy, as you go
Im gonna smash down all your plate glass windows
Put a fist, put a fist through your steel-plated door

Did you hear about the midnight rambler
Hell leave his footprints up and down your hall
And did you hear about the midnight gambler
And did you see me make my midnight call

And if you ever catch the midnight rambler
Ill steal your mistress from under your nose
Ill go easy with your cold fanged anger
Ill stick my knife right down your throat, baby
And it hurts!




THE MANIC STREET PREACHER






Union Square, la nuit. Un prêcheur très inspiré "enflamme" la place. Certes, les gens à qui il propose son micro en profitent pour passer des petites annonces à caractère sentimental, et d'autres dans le public — comme ce vieux monsieur noir très remonté — exigent de lui qu'il se prononce sur le résultat des élections présidentielles en novembre... Pourtant, je ne doute pas que la voix de ce saint homme fera chavirer votre cœur et vous remettra dans le droit chemin. ÉCOUTER



Nouveaux aperçus
Somme toute j'ai l'impression de tellement le connaître déjà, ce pays que je vois dans ces rues : les accents, le cosmopolitisme, les manières d'être et de se comporter... Comme si tout ce que je voyais n'était qu'une simple confirmation de ce que je savais déjà. Il faut peut-être cette sensation pour comprendre à quel point on a été en contact avec une culture étrangère avant même de s'être rendu au lieu d'origine de cette culture.

Mais c'est parce que je ne suis ici que depuis un court moment, et que je suis très loin d'être immergé. En bon touriste, je ne vois pour l'instant que la surface, qu'il me faut désormais percer.









(jusque-là)
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03/07/08 BIG FAT SQUARE AMERICA

Soleil aveuglant, chaleur sèche et enivrante qui se réverbère contre les miroirs géants des tours d'acier, chaleur qui s'échappe du béton des rues attendri par des millions de pas pressés. Stars-and-Stripes. Perspectives hallucinantes que l'œil peine encore à saisir, étranges visions du vertical à l'horizon. Mille accents, ice-cold water one dollar, des gens de toutes tailles, de toutes formes et de toutes les couleurs sont canalisés proprement le long des artères tirées au cordeau de Manhattan, sous les murs poussiéreux aux angles aigus, dont les fenêtres se multiplient à l'infini.












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01/07/08 DÉBARQUEMENT

J'aime ces longs couloirs ombilicaux qui relient la structure de béton de verre et d'acier à la machine fuselée, prête à s'arracher du sol et à emporter au loin ces embryons mobiles après qu'ils aient transité le long de ce couloir opaque et plein de coudes, en pente douce, et dans lequel le bruit des pas s'etouffe dans la moquette sombre et le couloir est noyé dans l'éclairage blafard et diffus du néon... J'y pourrais marcher des heures durant — dans la béatitude des choix qu'on a fait pour moi.

"Vous êtes qui ? Vous venez d'où ? Vous allez faire quoi ? Où est l'endroit que vous appellez chez vous ?"

Encore dans l'avion : remplissage de la fichette réglementaire. Interrogatoire existentiel. Ça me rappelle quelque chose. Et vous allez habiter où ? Vous avez une adresse précise ? Sans adresse précise on ne vous laisse pas aller plus loin. Nous ne voulons rien savoir, trouvez-vous une adresse à New York.

C. "Have you ever been or are now involved in espionage or sabotage; or in terrorist activities; or genocide; or between 1933 and 1945 were involved, in any way, in persecutions associated with Nazi Germany or its allies ?"
- Yes - No


Premiers pas en terre outre-atlantique. Premières sensations remarquables, consignées par écrit dans la file d'attente pour le passage des douanes :

• odeur doucereuse et âcre : la poubelle qui s'est écrasée dans le recoin-cuisine de l'avion, au milieu de l'appareil, avec grand fracas, au moment de l'atterrissage (traces de yaourt au sol) ;
• agression visuelle : un très gros type revêtu d'un t-shirt vert criard "Dublin" orné d'un énorme trèfle, portant une casquette de base-ball où il est écrit "Pirates" ;
• sensation fraîche et liquide, le long du cou : l'eau fuyant goutte à goutte des sprinklers dans la salle où l'on patiente debout pour le contrôle des passeports (de larges seaux recouverts de sacs en plastique sont disposés ici et là pour tenter d'atténuer les effets de cette incontinence - une eau dangereusement trouble et verdâtre y stagne) ;
• tapage : sons de voix semi-hystériques en provenance d'un poste de télé dominant la salle et branché sur CNN, où trois têtes s'engueulent à plein volume au sujet d'Obama et du patriotisme.


Un douanier latino, à la coiffure surprenante et à la moustache inflexible, écrase son tampon sur mon passeport et beugle un "welcome" sur le ton qu'il aurait pu employer pour "get the fuck outta here". Reste que malgré ma barbe à la dernière mode de Kaboul et ma chemise en lin bouffante de bagdadi moyen... je suis passé.

New York, New York !


... Ah, et aussi, d'après les écrans à l'intérieur de l'avion, j'ai voyagé 5790Km, ce qui d'après ce site correspond à une consommation personnelle de carburant oscillant entre 150 et 200 kg — soit "l'équivalent du carbone contenu dans un arbre de 11 mètres de haut"... Ma tâche première sera donc de me flageller méchamment pour ma contribution à l'effet de serre.