Jour 8
Dans le métro, ce matin, vers 7h15. Un type en marcel blanc est assis à côté de moi, et parle en anglais dans son téléphone. J'ai l'impression qu'il a un accent russe. Il raccroche, je continue à lire ce bouquin ravagé de Tom Wolfe, "The Electric Kool-Aid Acid Test". J'en suis à la page 137,

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The film had already cost a staggering sum, about $70,000, mostly for color processing.
Kesey had put everything he had gotten from his two novels plus the play adaptation
of One Flew Over the Cuckoo's Nest into Intrepid Trips, Inc. His brother, Chuck, who
had a good creamery business in Springfield, Oregon, invested to some extent. George
Walker's father had set up a trust fund for him, with strings on it, but he contributed when
he could. By the end of 1965, according to Faye's bookkeeping, Intrepid Trips, Inc., had
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et tout à coup le type en marcel me demande, par-dessus mon épaule droite (le paragraphe est en haut de la page de droite), "What movie are they talking about ?" Drôle d'accent, je lui explique qu'it's about that bunch of hippies in the States, beggining of the sixties, raging accross the US in a painted bus and always high on LSD and here they're talking about the movie they kept shooting on the road ou quelque chose du genre, ce à quoi le type me demande en réponse si je connais un type dont il me dit le nom, que j'ai déjà oublié, un leader des manifs contre la Guerre du Viêtnam aux US, il me dit que ce type apparaît même dans le film "Forest Gump" au moment où Forest Gump est invité à dire quelque chose sur une estrade, puis je demande au type en marcel s'il est américain lui-même, ce à quoi il me répond "aye !", drôle d'accent quand même, je ne lui dis pas que je l'ai pris pour un russe (toujours faire gaffe avec les mecs en marcel), et rapidement la conversation tourne à une sorte de soliloque de la part du type sur le système d'aide aux sans-abris qui existe en France et dont il n'y a pas même l'ombre aux États-Unis d'après lui, je ponctue à l'occasion d'un grognement stupéfait ou révolté, mais bientôt arrivée aux Halles et je me lève, serre la main du type en marcel et lui souhaite une bonne journée, sors de la rame, direction le Rabais d'Existence Ridicule.

Reste l'impression joyeuse d'avoir parlé de tout et rien avec un parfait inconnu, comme ça, parce qu'on était à côté.


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Un passage, entre deux barres de béton et de verre.
Il faut passer dans une sorte de tout petit tunnel.
Là, les vitres de l'immeuble sont à peine à deux mètres du sol.
Traces de mains qu'on a plaquées là, au passage.
Fantaisies d'employés de bureau.